Biographie

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Née à Douai le 20 juin 1786 dans une famille d’artisans bientôt ruinée, Marceline Desbordes a connu, pendant la période révolutionnaire, une enfance bouleversée par des drames familiaux. Ceci ne l’empêchera pas d’évoquer plus tard dans ses poèmes l’enfance au pays natal comme un « éden éphémère » auquel elle aspire toute sa vie à retourner.

Sa mère quitte la maison conjugale pour rejoindre son amant, emmenant avec elle Marceline, sa plus jeune fille, qui n’a alors que dix ans, et la fait précocement entrer au théâtre. C’est le début d’une vie incertaine, parfois proche de la misère, et d’une errance de ville en ville.

En 1801, les deux femmes s’embarquent pour la Guadeloupe, semble-t-il à la recherche d’un parent et d’une hypothétique fortune. Elles arrivent en pleine épidémie de fièvre jaune et pendant l’insurrection contre le rétablissement de l’esclavage. Catherine Desbordes meurt de la fièvre jaune, la très jeune fille rentre bientôt seule en France, non sans dangers. Marquée par cette expérience, Marceline Desbordes-Valmore conservera toute sa vie l’angoisse obsédante de la perte et de la séparation, qui marque ses poèmes, mais aussi une indignation souvent exprimée contre l’esclavage sous toutes ses formes.

À son retour, en 1802, elle reprend le métier d’actrice qu’elle va exercer avec succès pendant vingt ans, avec quelques interruptions, à l’Opéra-Comique, à l’Odéon, à Bruxelles. De relations amoureuses éphémères naissent deux enfants illégitimes, qui vivent peu. La mort du petit Marie-Eugène, à l’âge de cinq ans, en 1816, est un déchirement dont elle ose parler dans ses vers.

Elle rencontre en 1817 au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le tragédien Prosper Valmore, qu’elle épouse et dont elle a quatre enfants, Junie (morte à trois semaines), Hippolyte, Hyacinthe (Ondine) et Inès.

Le couple s’installe à Paris où Marceline fait la connaissance grâce à son oncle, le peintre Constant Desbordes, de Hyacinthe de Latouche, écrivain romantique qui la conseille dans ses débuts littéraires, et devient son amant. Cet amour passionné laisse des échos dans toute l’œuvre, bien après la séparation, et jusqu’aux derniers vers.

Le premier poème connu de Marceline Desbordes est une romance, « Le Billet ». À partir de 1813, elle publie régulièrement dans des keepsakes et des périodiques. Son premier recueil, Élégies, Marie et Romances, signé du nom de Desbordes, paraît en 1819, un peu avant les Méditations de Lamartine, livre généralement considéré comme marquant le renouveau du lyrisme romantique en France. Ce premier recueil est suivi en 1820 des Veillées des Antilles et des Poésies de Mme Desbordes-Valmore, chez le même éditeur. Plusieurs éditions modifiées et augmentées (1822, 1825, 1830) vont ensuite asseoir son renom poétique. Des élégies amoureuses, des romances, des fables, des poèmes sur l’enfance y font entendre une voix qui touche directement les contemporains – les mises en musique sont nombreuses – et inventent des façons de dire libres et singulières. Bien des poètes viendront y puiser par la suite, de Verlaine à Aragon.

Appréciée, Marceline Desbordes-Valmore entretient de nombreux liens avec le monde littéraire et théâtral. Mais elle pâtit dans sa carrière de nombreux soucis familiaux et financiers, et de son fréquent éloignement de Paris. Le métier d’acteur de son mari impose en effet des installations répétées en province, notamment à Bordeaux (1823-1827), où elle cesse de monter sur scène ; et à Lyon (1821-1823, puis 1827-1832, et 1834-1837). C’est là qu’elle assiste aux insurrections des Canuts, seul poète à prendre publiquement la parole pour dénoncer la répression de la seconde, en des vers bouleversants.

Victime de la désaffection générale dont souffrent à partir des années 1840 les poètes romantiques, et plus encore les femmes parmi eux, elle trouve désormais plus difficilement à publier ses livres. Après Les Pleurs (1833), Pauvres Fleurs (1839), Bouquets et prières (1843), elle continue à écrire, malgré une vie assombrie par les soucis matériels et les deuils (elle perd sa fille Inès en 1846, Ondine en 1853). Atteinte d’un cancer, elle meurt en 1859. C’est à titre posthume, à Genève, que paraît son dernier livre de poèmes, qu’elle a pu revoir avec l’aide de son mari et de son fils, sous le titre de Poésies inédites. Il s’ouvre sur Une lettre de femme (« Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire,/ J’écris pourtant, »), et contient les deux poèmes en vers de onze syllabes (La Fileuse et l’enfant, Rêve intermittent d’une nuit triste) sur lesquels Verlaine attirera l’attention dans Les Poètes maudits

Marceline Desbordes-Valmore a écrit aussi des romans, notamment L’Atelier d’un peintre (1833), des nouvelles et contes en prose, auxquels on s’intéresse aujourd’hui. Mais c’est avant tout comme poète que l’ont saluée Baudelaire, Mallarmé, Rilke, Aragon, Yves Bonnefoy…

 

Chronologie

Marceline Desbordes-Valmore

 

Cette chronologie, établie par Lucie Desbordes et relue par Pierre-Jacques Lamblin est largement redevable à celle donnée par Francis Ambrière à la fin de sa biographie en deux volumes, publiée au Seuil en 1987 : Le Siècle des Valmore. Marceline Desbordes-Valmore et les siens – I. 1786-1840, 2. 1840-1892.

1776 Mariage d’Antoine-Félix Desbordes, peintre et doreur, puis mulquinier (tisserand à domicile) et de Catherine-Joseph Lucas, fileuse de lin.

1777 Naissance de Catherine-Cécile-Joseph Desbordes.

1779 Naissance d’une petite fille, Sophie-Reine-Catherine-Louise Desbordes, qui mourra en 1781.

1780 Naissance de Marie-Anne-Eugénie-Joseph Desbordes.

1782 Naissance de Philogène-Félix-Henri Desbordes.

1786 20 juin, naissance à Douai de Marceline-Félicité-Joseph Desbordes (baptisée le 22, jour qu’elle considèrera toujours comme celui de sa naissance), dernier enfant de Catherine et Antoine-Félix Desbordes.

1790 Antoine-Félix Desbordes fait faillite, les scellés sont apposés à la maison.

1793 Naissance de François-Prosper, fils légitime d’André-Prosper Lanchantin dit Valmore, comédien, et d’Anne-Elisabeth-Justine Poupard.

1795 Antoine-Félix Desbordes doit quitter la maison de la rue Notre-Dame (actuelle rue de Valenciennes) pour s’installer avec sa famille rue de Bellain à Douai, où il va bientôt tenir un cabaret.

1796 Fin de l’année. Catherine Desbordes quitte le foyer conjugal avec Marceline pour rejoindre à Roubaix son amant, Nicolas Saintenoy. Catherine voudrait se rendre aux « Isles », où une lointaine cousine aurait fait fortune.

1797 Saintenoy est révoqué de ses fonctions administratives à Roubaix et rejoint Lille, accompagné de Catherine et Marceline Desbordes. Afin de rassembler l’argent nécessaire à la traversée jusqu’en Guadeloupe, Catherine fait engager sa fille en tant que « petite utilité » au théâtre de Lille, elle-même y réalisant des travaux de couture.

1799 La troupe du théâtre de Lille se sépare. Catherine Desbordes, sa fille Marceline et Saintenoy suivent certains comédiens et partent pour Rochefort. Marceline y poursuit son activité de comédienne. Elle rencontre Louis Lacour.

1800 Le Théâtre de Rochefort fermant ses portes, Catherine, Marceline et Saintenoy gagnent Bordeaux. Marceline est engagée au Grand Théâtre comme actrice, sa mère comme ouvreuse. Elles y croisent le jeune Prosper Valmore (âgé de 7 ans) et ses parents, comédiens eux aussi. A Douai Félix, le frère de Marceline, se vend comme remplaçant d’un conscrit désigné par le sort pour l’armée, moyennant finance au profit de son père. C’est le début pour lui d’une longue errance dans l’armée et différents pays.

1801 Catherine et Marceline Desbordes intègrent la troupe ambulante de Monvel (le père de Mlle Mars) qui rayonne autour de Bayonne. Fin novembre, elles embarquent sur le brick Le Mars, à destination de la Guadeloupe. Saintenoy semble avoir décidé au dernier moment de ne pas partir avec elles.

1802 Elles débarquent à l’île de Saint-Barthélémy, tout débarquement étant interdit à la Guadeloupe en raison des troubles politiques et sociaux. Elles arrivent à Pointe-à-Pitre en mai, n’y trouvent pas de parents, mais assistent à la répression de la rébellion contre le rétablissement de l’esclavage par le général Richepance. Catherine Desbordes contracte la fièvre jaune et y succombe. Marceline rentre seule en France. Elle arrive à Brest en août et rejoint son père et ses sœurs désormais misérablement installés à Lille. Sans autre expérience que la scène, Marceline poursuit sa carrière de comédienne au Théâtre de Lille.

1803 Marceline Desbordes est engagée au Théâtre des Arts de Rouen. Elle interprète désormais les rôles de jeune première et d’ingénue et obtient ses premiers succès. Le reste de la famille la rejoint à Rouen. Ses sœurs resteront en Normandie, à Rouen même et à Charleval, dans l’Eure.

1804 Forte de sa notoriété grandissante, Marceline Desbordes débute en décembre à l’Opéra-Comique de Paris. Son arrivée a été précédée de rumeurs flatteuses que la jeune comédienne a su habilement réfuter par une lettre publiée dans le Journal de Paris, afin d’éviter toute cabale. Elle débute avec succès dans le Prisonnier de Della Maria et Lisbeth de Grétry.

1805 Marceline Desbordes fait avec succès sa première création : Julie ou le Pot de fleurs, livret de Jars, musique de Spontini. Elle retrouve Louis Lacour qui devient son amant.

1806 Elle donne en avril sa démission de l’Opéra-Comique et part rejoindre ses sœurs à Rouen : Lacour l’a quittée pour rejoindre l’armée, ignorant qu’elle était enceinte. Louisa naît le 9 septembre et décède trois semaines plus tard. À Rouen, en attendant que s’ouvre la nouvelle saison dramatique (à Pâques), Marceline Desbordes fait la connaissance d’Eugène Debonne, issu d’une famille de la bonne société rouennaise. Ils deviennent amants.

1807 En avril, elle reprend le chemin du théâtre et fait ses débuts sur la scène du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles ; Eugène Debonne l’y accompagne. En août, paraît sa première publication, une romance intitulée Le Billet, dont la musique a été composée par Joseph Mées, chef d’orchestre du théâtre des Arts de Rouen.

1808 À la fin de la saison dramatique, Marceline Desbordes rentre à Rouen et retrouve Eugène Debonne. Elle cesse de jouer et s’installe au 14 rue de la Chaîne.

1809 Son frère Félix est fait prisonnier de guerre en Espagne.

1810 Le 4 juillet, naissance à Paris de Marie-Eugène, le fils de Marceline et d’Eugène Debonne. De retour à Rouen, elle s’installe au 7 rue du Fardeau.

1811 Le couple fréquente les milieux artistiques de Rouen et se rend à Paris, où ils voient notamment le compositeur Grétry. Marceline Desbordes reçoit des nouvelles de son frère Félix, depuis deux ans prisonnier de guerre.

1812 La famille d’Eugène Debonne refuse définitivement son union avec une ancienne comédienne, visant pour lui un ambitieux mariage. Marceline rompt leur liaison et cherche sans succès à reprendre le théâtre.

1813 Marceline Desbordes s’installe à Paris, d’abord au 18 place Vendôme, puis rue de l’Odéon et rue Molière (rue Rotrou). Elle est engagée au théâtre de l’Odéon à l’ouverture de la saison dramatique et y connaît le succès dans Claudine de Florian, de Pigault-Lebrun. Elle commence à publier régulièrement des vers : sa romance « Je vous écris » paraît dans Le Chansonnier des Grâces pour 1813, sur une musique de Lélu. Elle collabore aux keepsakes, puis à l’Almanach des Muses et au Souvenir des Ménestrels.

1814 Marceline Desbordes entretient une liaison avec Hilarion Audibert, l’« Olivier » de ses poèmes. Son frère Félix, libéré après la victoire des Alliés, arrive d’Écosse à Paris. Sa carrière au théâtre se trouve compromise après la chute de Napoléon et l’occupation de la capitale.

1815 Le contrat de Marceline Desbordes n’est pas renouvelé après Pâques ; après différentes démarches infructueuses, abandonnée par son amant Audibert, elle finit par trouver une place au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Elle s’y installe avec Marie-Eugène, au 444 rue Neuve, et retrouve son amie d’enfance, Albertine Gantier.

1816 Le petit Marie-Eugène meurt le 10 avril. Eugène Debonne, ayant appris la maladie de l’enfant, est venu soutenir Marceline. Elle doit remonter sur scène dès le 30 avril.

1817 Après des hésitations, Marceline Desbordes renouvelle son contrat à la Monnaie, devant aider financièrement son père qui vit désormais à Douai, où il meurt le 10 juin. En mai, est arrivé Prosper Valmore qui fait ses débuts sur la scène bruxelloise. Marceline joue à ses côtés, ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre. Le mariage civil et religieux a lieu le 4 septembre à Bruxelles.

1818 Poussée par le docteur Alibert et l’éditeur François Louis, Marceline rassemble ses poèmes et romances et une nouvelle en prose pour les publier dans un recueil. Elle joue aux côtés de Mlle Mars en tournée à la Monnaie (début d’une longue amitié entre les deux femmes), puis de Mlle George. Le 22 juillet, Marceline donne naissance à Junie quelques heures après la représentation de Britannicus. L’enfant meurt trois semaines plus tard. Son premier recueil Élégies, Marie, et Romances est annoncé fin décembre dans la Bibliographie de la France. Il est signé de Mme Marceline Desbordes, ce qui choque Prosper Valmore.

1819 Encouragée par le succès rencontré par son recueil, Marceline incite Valmore à rompre leur engagement à Bruxelles et à revenir à Paris. Ils s’installent rue du Paon-Saint-Germain. Prosper Valmore trouve un engagement au théâtre de l’Odéon au mois de juillet. Dans l’atelier de son oncle, le peintre Constant Desbordes, elle rencontre Hyacinthe, dit Henri, de Latouche. Cet homme de lettres et journaliste est le premier éditeur des Poésies de Chénier (1820) et sera plus tard le mentor de Balzac et de George Sand.

1820 Le 2 janvier, naissance d’Hippolyte. Marceline Desbordes-Valmore prépare une nouvelle édition de ses poèmes, conseillée par Latouche qui se charge de l’établissement de son contrat. Ils deviennent amants. Les Poésies de Mme Desbordes-Valmore paraissent en juillet toujours chez François Louis. En novembre, la Bibliographie de la France annonce Les Veillées des Antilles, quatre nouvelles en deux volumes, toujours chez le même éditeur. Ces publications confirment le succès naissant de la femme poète.

1821 À Pâques, le contrat de Prosper Valmore n’étant pas renouvelé à l’Odéon, le couple est engagé au Grand Théâtre de Lyon. Marceline Desbordes part quelques jours après son mari, le temps pour elle de quitter Latouche. A Lyon, les Valmore s’installent au 10 place des Terreaux. Le retour sur scène est d’autant plus difficile qu’une famille de comédiens lyonnais, les Chapron, tient déjà la place. Le 1er novembre, naissance de Marceline-Junie-Hyacinthe Valmore. L’enfant porte officiellement le prénom de sa mère (Marceline) et le second prénom de Latouche (Hyacinthe), vraisemblablement le père biologique de l’enfant. La fillette sera rapidement surnommée Ondine.

1822 En mars paraît chez Théophile Grandin une troisième édition des Poésies de Madame Desbordes-Valmore, revue et augmentée.

1823 À Pâques, Prosper Valmore est engagé au Grand Théâtre de Bordeaux. Toute la famille s’installe au 7 rue de la Grande-Taupe (actuelle rue Lafaurie-de-Monbadon). Marceline Desbordes-Valmore quitte définitivement la scène et se consacre ainsi pleinement à l’écriture et à l’éducation de ses enfants.

1824 En décembre, parution d’un nouveau recueil chez Ladvocat : Élégies et poésies nouvelles. Les Valmore déménagent au 21 rue Montesquieu.

1825 Le 29 novembre, naissance de Blanche-Inès, dernière enfant de Marceline et Prosper Valmore.

1826 Marceline Desbordes-Valmore obtient une pension annuelle de 1500 francs de la Maison du roi, pension pour laquelle Latouche, le duc de Montmorency et Mme de Récamier ont œuvré. Elle accepte cette pension après de nombreuses réserves.

1827 À Pâques, les Valmore doivent à nouveau gagner Lyon où Prosper est engagé au Grand Théâtre. Marceline Desbordes-Valmore fait un détour par Paris afin d’y retrouver son oncle Constant Desbordes, son frère Félix et sans doute aussi Latouche. Son ancien amant ne cache pas ses nombreuses aventures. Elle ne peut plus désormais penser à lui qu’en Amant idéalisé. A Lyon, les Valmore s’installent successivement au 11 rue du Pas-Etroit, au 1 place Saint-Clair puis au 12 rue de la Monnaie.

1828 Le 27 avril, décès de Constant Desbordes, l’oncle tant aimé. Marceline Desbordes-Valmore renonce à l’héritage légué par son oncle, criblé de dettes.

1829 En décembre, parution chez Auguste Boulland, des Œuvres de Madame Desbordes-Valmore (souvent désignées par la suite dans les bibliographies comme les « Poésies de 1830 ») ainsi que du recueil de contes pour enfants, À mes jeunes amis. Le recueil a tardé à paraître à cause d’une escroquerie dont Marceline Desbordes-Valmore a été victime, cédant le manuscrit de son recueil à un intermédiaire qui a disparu avec l’argent de son travail.

1830 Les Valmore assistent à Lyon à la révolution de Juillet et pleurent de joie, selon le témoignage d’Hippolyte.

1831 Marceline Desbordes-Valmore assiste à la première insurrection des canuts. Son frère Félix, vagabond réduit à vendre les lettres de sa sœur, arrive à Lyon.

1832 À Pâques, Prosper Valmore est engagé au Théâtre des Arts de Rouen. La famille s’installe au 1 rue Grand-Pont. Marceline Desbordes-Valmore retrouve ses sœurs Cécile et Eugénie. Elle emmène Hippolyte en pension à Grenoble, à l’institution Froussard. Sur le trajet, elle s’arrête à Paris, à la recherche d’un éditeur.

1833 À l’ouverture de la nouvelle saison dramatique, Valmore est hué, victime d’une cabale tramée par les anciennes relations rouennaises de sa femme. La famille est contrainte de gagner Paris, où le comédien trouve une place au Théâtre de la Porte Saint-Martin au mois de juin. Les Valmore habitent successivement au 12 rue de Lancry et au 19 boulevard Saint-Denis. Marceline Desbordes-Valmore publie en mai, chez Charpentier, le recueil Les Pleurs, préfacé par Alexandre Dumas. En juin, elle fait paraître une nouvelle, Une Raillerie de l’amour, en juillet un conte dans un recueil mensuel, Une Cabale, qui évoque l’épisode rouennais, et en décembre un roman, L’Atelier d’un peintre.

1834 À Pâques, Valmore qui n’apprécie guère l’ambiance du théâtre de Harel et Mlle George préfère signer un nouvel engagement à Lyon. La famille s’y installe en avril, au 1 rue de Clermont, près de la place des Terreaux. À peine arrivés, ils assistent de leur domicile à la seconde insurrection des Canuts, réprimée dans le sang. Marceline Desbordes-Valmore y consacre des poèmes saisissants qu’elle ne peut tous publier de son vivant. Elle va rester longtemps traumatisée par la violence de cette répression.

1836 Parution du Salon de Lady Betty, un recueil de nouvelles traduites de l’anglais.

1837 L’engagement de Valmore n’étant pas renouvelé à Pâques, la famille regagne Paris. Un engagement était proposé à Marseille mais Marceline Desbordes-Valmore l’a refusé. Elle entreprend de multiples démarches pour trouver un emploi à son époux à Paris. Le comédien finit par obtenir l’administration du second Théâtre-Français (l’Odéon) en octobre. Les Valmore s’installent au 1 rue de l’Est puis au 34 rue de Montpensier au début de l’année suivante. Hippolyte revient parmi les siens. Sa mère refuse de le laisser à nouveau partir pour achever ses études à l’institution Froussard.

1838 En juin, les recettes de l’Odéon n’étant pas à la hauteur de ce qui était escompté, Valmore s’engage dans une tournée en Italie avec un imprésario qui se révélera être un escroc. La famille part le 7 juillet pour Milan et reviendra à Paris, ruinée, le 8 octobre, où elle s’installe au 8 rue La Bruyère. Sur ce voyage, Marceline Desbordes-Valmore laissera un carnet manuscrit qui sera acquis bien plus tard par Aragon, puis publié en 2010 sous le titre Les Yeux pleins d’églises.

1839 En février, Marceline Desbordes-Valmore publie un nouveau recueil de poésies, Pauvres Fleurs, et en juin, un roman, Violette, chez Dumont. Las d’attendre à Paris, Valmore part pour le Grand Théâtre de Lyon où il a enfin trouvé un emploi. Il laisse sa femme et ses enfants qui y ont commencé leurs études, et c’est à Latouche qu’il demande de veiller sur sa famille. Latouche, qui se croit sans doute le père d’Ondine, se rapproche de la jeune fille et s’en ouvre à Marceline. Affolée, celle-ci rompt toute relation avec Latouche et s’emploie à le discréditer aux yeux de Valmore.

1840 En janvier paraissent à Lyon chez Boitel les Contes en vers pour les enfants et les Contes en prose pour les enfants, puis en février le Livre des mères et des enfants. Marceline insiste auprès de son époux pour qu’il revienne à Paris, où elle espère lui trouver un engagement. Ils logent désormais au 345 rue Saint-Honoré. En août, n’ayant toujours rien, Valmore part pour Bruxelles où le Théâtre de la Monnaie lui propose un contrat. Marceline lui rend visite en octobre. Elle revint à Paris en passant par Douai, où elle retrouve son frère, pensionnaire de l’Hôpital général. Valmore rentre à Paris en décembre, blessé au genou à la suite d’une chute qui le met dans l’incapacité d’honorer son engagement.

1841 En juillet, Valmore retrouve du travail à l’Odéon où il est régisseur et metteur en scène. Pour se rapprocher du théâtre, la famille déménage au 6 rue d’Assas, qu’elle quittera pour le 8 rue de Tournon au début de l’année suivante. Ondine, de santé fragile, fait un premier séjour de trois mois à Londres, chez le docteur Paul Curie, adepte de l’homéopathie. De trois semaines le séjour passe à presque trois mois. Mécontente, Marceline Desbordes-Valmore part elle-même chercher sa fille en novembre.

1842 En avril, après une rechute, Ondine, phtisique, repart pour Londres chez le docteur Curie.

1843 En mars, paraît le recueil poétique Bouquets et prières, chez Dumont. C’est le dernier de ses recueils de poèmes qu’elle verra paraître. En juillet, elle part avec Jacques Arago à Londres chercher Ondine. Ce séjour de quinze mois brouillera définitivement Marceline et Paméla, la fille de sa grande amie Caroline Branchu, accusée de retenir Ondine auprès d’elle.

1844 En août, Ondine Valmore passe brillamment ses derniers examens et obtient le diplôme de maîtresse d’études.

1845 31 mars. Ondine est engagée comme maîtresse d’internat à l’institution Bascans, rue de Chaillot. L’exercice de l’Odéon étant encore déficitaire, son directeur est remercié. Valmore, qui espérait obtenir le poste, est écarté et se retrouve sans emploi en mai. En juin, paraît un dernier recueil de nouvelles, Huit Femmes, chez Chlendowski. Ondine devient maîtresse d’internat, engagée à l’institution Bascans, rue de Chaillot. Le 12 octobre les Valmore emménagent au numéro 10 boulevard Bonne-Nouvelle.

1846 À Pâques, Valmore accepte un poste d’administrateur et de metteur en scène au Théâtre de la Monnaie. Il part seul pour Bruxelles. À sa deuxième tentative, et grâce aux relations de sa mère, Hippolyte est reçu au baccalauréat, à 26 ans. La santé d’Inès décline. La jeune fille traverse de longs mois de souffrance durant lesquels sa mère cherche en vain des remèdes et du réconfort à lui apporter. Le 4 décembre, Inès meurt de phtisie. Elle écrit à son chevet une première version du Rêve intermittent d’une nuit triste, qui deviendra un de ses poèmes les plus célèbres, écrit en distique de vers de onze syllabes.

1847 Hippolyte entre comme surnuméraire au ministère de l’Instruction publique, grâce à la protection de Mme Récamier et Marie d’Agoult. Marceline Desbordes-Valmore s’installe avec son fils au 89 rue de Richelieu. Valmore préfère quitter l’ambiance délétère de la Monnaie et revient à Paris à la fin de la saison dramatique. Il n’a pas pu revoir Inès ni assister à son enterrement. Il ne trouvera plus d’engagement dans le théâtre.

1848 Ondine est nommée « inspectrice des institutions et pensionnats de demoiselles du département de la Seine. » Hippolyte est titularisé. Les Valmore déménagent du 89 au 74 rue de Richelieu.

1850 En janvier, dernier recueil de contes, Les Anges de la famille. Il obtiendra un prix de l’Académie. Le 7 septembre, Marceline Desbordes-Valmore perd sa sœur Eugénie ; puis le 14 octobre, sa grande amie Caroline Branchu. Déménagement au 10 place Vendôme.

1851 En janvier, Ondine se marie avec Jacques Langlais, l’avocat de Louise Colet. Le 27 février, décès de l’ancien amant, Henri de Latouche ; puis le 26 mai, Félix Desbordes s’éteint à l’Hôpital général de Douai.

1852 Le 19 janvier, Ondine met au monde un petit garçon, Marcel. L’enfant ne vit que trois mois. Ondine, très affaiblie, ne pourra jamais se remettre de cette grossesse : elle souffre elle aussi de phtisie. À partir de l’automne, elle reste alitée dans une maison louée à Passy, veillée par sa mère, Langlais étant fréquemment en déplacement. Prosper Valmore trouve un emploi à la Bibliothèque impériale. Les Valmore passent au 26 rue Feydeau.

1853 Ondine s’éteint le 12 février, à Passy. Les Valmore s’installent au 52 rue Laffitte.

1854 Déménagement au 59 rue de Rivoli. Le 18 novembre, Marceline perd sa sœur Cécile, qui vivait dans la misère à Rouen.

1857 Atteinte d’un cancer, elle s’alite tout en travaillant à son dernier recueil.

1858 Le 23 avril, c’est sa grande amie, Pauline Duchambge, qui s’éteint.

1859 Au printemps, un éditeur et mécène, Gustave Revilliod, est enfin trouvé pour le dernier recueil. Marceline Desbordes-Valmore meurt le 23 juillet, sans en voir la publication. Les obsèques civiles et religieuses ont lieu le 24 juillet.

1860 Le 23 juillet, parution des Poésies inédites publiées par Revilliod à Genève, chez Jules Fick. Prosper et Hippolyte Valmore continueront d’habiter ensemble et de faire vivre la mémoire de Marceline Desbordes-Valmore en rassemblant sa correspondance, ses carnets et en s’occupant des rééditions de ses œuvres, notamment les Contes et Scènes de la vie de famille, publié en 1865 chez Garnier et qui remporte un grand succès.

Prosper Lanchantin dit Valmore meurt le 26 octobre 1881 et Hippolyte le 9 janvier 1892. Marceline, Prosper et Hippolyte Valmore sont enterrés ensemble au cimetière Montmartre, où leur tombe est toujours visible.

 

Lieux habités par Marceline Desbordes-Valmore

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