Agrégation 2023 – Extraits de la correspondance

Quelques ouvrages ayant publié des extraits de cette correspondance sont accessibles sur cette page.

Une large part de sa correspondance déjà éditée peut-être lue sur le site de Xavier Lang : http://www.correspondancedesbordesvalmore.com/p/lettres_1.html.

La publication de la correspondance générale de Marceline Desbordes-Valmore est en cours, menée par une équipe éditoriale composée de Pierre-Jacques Lamblin, Delphine Mantienne, Élodie Saliceto, Jean Vilbas, sous la responsabilité de Christine Planté.

Un article intitulé « Les réseaux épistolaires de Marceline Desbordes-Valmore » a été publié par Pierre-Jacques Lamblin et Christine Planté dans Le Magasin du XIXe siècle, n° 10 (2020).

Allusions aux Pleurs dans les lettres

Sauf mention contraire, les liens vers les transcriptions de lettres fournis ci-dessous conduisent vers celles fournies par Xavier Lang sur son site.

À propos du recueil

Dans une lettre envoyée de Rouen le 27 décembre 1832 à son correspondant douaisien Hippolyte-Romain-Joseph Duthillœul :

Me permettez-vous d’attacher le nom de Mme Duthillœul au Jumeau pleuré qui va se trouver imprimé dans un petit volume que j’ai intitulé : Les Pleurs. Je l’ai vendu pour payer le triste voyage que je viens de faire à Grenoble. J’en arrive.

Elle évoque la publication du recueil et son éditeur dans une lettre envoyée le 4 décembre 1833 à son ami bordelais Jean-Baptiste Gergerès :

Avez-vous cru, en effet, que Charpentier ne m’avait pas payée ? Il m’a payé de ce qu’il m’avait promis au moins sept cent cinquante le volume des Pleurs, et 1200 francs les deux de l’Atelier d’un peintre.

Avez-vous ri d’en voir arriver un fragment d’épreuve comme échantillon jusqu’à votre porte ? J’attends une occasion sûre pour vous envoyer les deux livres où vous trouverez de quoi me gronder… de quoi m’aimer un peu, aussi, peut-être. N’auriez-vous pas ici de maison où je pourrais mettre les volumes à votre adresse ? Car je veux qu’ils vous arrivent. Charpentier vous prie, en mon nom, de lui en faire vendre au moins douze exemplaires par vos libraires. Il est bien marchand, M. Charpentier ! Pourtant je lui dois cette obligation de m’avoir acheté les Pleurs dont personne ne voulait.

À propos de poèmes

« XXXVIII. À Monsieur Alphonse de Lamartine »

Le poème est évoqué dans une une lettre envoyée de Lyon le 4 février 1832 à Hippolyte-Romain-Joseph Duthillœul, qui le publie en 1832 dans le Mémorial de la Scarpe :

Quand je me retrace ceux qui, comme vous, ont été si bons pour moi, je ne sais où je prends des plaintes si graves, comme celles que vous trouverez ici en réponse aux belles stances de M. de Lamartine. Elles sont pourtant bien sincères, bien faibles encore à peindre ce triste fond du cœur. Cela veut dire peut-être que tout ne vous ressemble pas en ce monde ! / Comme vous avez imprimé cette page poétique dont je garde encore l’étonnement et l’émotion, vous connaitrez ce que j’ai osé répondre. C’est une bien faible chose, mais M. de Lamartine, vous et nos chers poètes, vous me traitez avec cette indulgence qui est la seule force de femmes. Vous pouvez l’imprimer s’il convient à votre journal.

L’échange de poèmes d’hommage entre Lamartine et Marceline Desbordes-Valmore est évoqué par Christine Planté dans « En bateau… Sur la navigation de la métaphore dans les poèmes d’hommage romantiques », Romantisme, n° 98, 1997, p. 55-64.

« LIII. La Fiancée polonaise »

Dans une lettre envoyée de Lyon le 16 août 1831 à Hippolyte-Romain-Joseph Duthillœul, qui a publié le poème dans le Mémorial de la Scarpe :

Votre cœur, à ce compte, me défendra mieux que moi-même, car je le reconnais partout, monsieur, et encore dans les lignes bienveillantes qui soutiennent la fiancée polonaise. Un parrain comme vous lui portera bonheur, et jamais on a prié plus ardemment, jamais on ne s’est trouvé plus d’accord sur une grande question politique, parce qu’elle est toute d’humanité. Jamais, comme vous le dites, sympathie n’a été plus générale et, sans rien comprendre aux profondeurs de cette fatale science, je suis stupéfaite de douleur et d’admiration quand je songe aux blessures de la Pologne.

« LXI. Le Petit Rieur »

Dans une lettre du 11 novembre 1832 à Prosper Valmore :

Adieu de Paris, mon bon Prosper, et au revoir de partout. Envoie à Arago, copié de ta main, dans mon livre g[ros] vert, qui contient les poésies inédites, [    ] lui le petit Railleur. Il l’a vendu, on l’attend. Mets-y tout le soin possible. Je n’ai pu m’en ressouvenir.

Extrait d’une lettre de Marceline Desbordes-Valmore à Prosper Valmore conservée à la Bibliothèque municipale de Douai (cote Ms1479-16-2, photographie Delphine Mantienne)
« LXIV. L’Oreiller d’une petite fille »

Dans une lettre du 2 décembre 1832 à Prosper Valmore, elle évoque ce poème et « Le petit rieur » avec son titre non définitif :

J’attendais Arago, et, je te l’avoue, avec l’espoir qu’il allait me remettre le prix de ce qu’on m’avait demandé pour le Journal des Enfants. L’étoile était là ! Toujours inclémente. On a trouvé le Petit Railleur trop scientifique pour le premier âge, et le Petit Oreiller trop court… J’ai gardé un pénible silence, et j’ai reconnu mon sort ! Je crois le pauvre Arago sous la même influence, aussi n’est-ce pas à lui que je dirai : « Je manque d’argent. » S’il en avait, j’en aurais.

Dans une lettre du 6 avril 1856 à Édouard Charton (directeur du Magasin pittoresque), publiée dans notre Infolettre d’avril 2020 :

Et il faudrait, Monsieur, que je fusse bien près de votre cœur pour vous raconter dans quelle circonstance situation heureuse Le petit oreiller s’est trouvé un soir tout écrit près d’un berceau qui renfermait alors ma vie. – Hélas, Monsieur, c’était à Lyon, vis-à-vis le coteau de Fourvière. – L’enfant dormait à demi, le rossignol chantait, et la mère était aussi bien là que l’on doit l’être au ciel. Aujourd’hui, pour tout l’or du monde je n’appuierais sur cette scène suivie de tant de déchirement. Ce n’est plus pour l’écrire que je retourne dans le passé. – Ce serait d’ailleurs au-dessus de mes forces.

« Le petit oreiller » est un des poèmes pour enfants les plus célèbres de Marceline Desbordes-Valmore. Nathalie Sarraute évoque sa récitation dans Enfance. [Sur cette scène d’enfance et le traitement de ce poème, voir Christine Planté, « Le désir du neutre. Sur Enfance de Nathalie Sarraute », dans Sylvie Triaire, Christine Planté, Alain Vaillant (dir.), Féminin/Masculin Écritures et représentations, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, Collection des littératures, 7-8, 2003, p. 145-166]