Parution des Cahiers J’écris pourtant, « Marceline Desbordes-Valmore traductrice et traduite », n°6, 2025.
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Sommaire, résumés et articles :
- Éditorial – Christine Planté (p. 9-13)
- Écrits de Marceline Desbordes-Valmore
- Les différentes versions françaises par Marceline Desbordes-Valmore du poème espagnol « Al sueño » de Lupercio Leonardo de Argensola – présentées par Valèria Gaillard Francesch (p. 17-26)
L’étude analyse les versions françaises, manuscrites et imprimées, par Desbordes-Valmore du sonnet « Al sueño » de Lupercio Leonardo de Argensola. Elle montre comment loin d’une traduction littérale, l’imitation par Desbordes-Valmore reprend quelques topos baroques tout en empreignant ses vers d’éléments propres à l’univers romantique, sur une tonalité plus sombre et dramatique.- À propos de la traduction d’« Al sueño » par Marceline Desbordes- Valmore. Questions et hypothèses – A. B., Ph. G. et Ch. P. (p. 28-29)
- « Départ sans retour », poème ukrainien traduit du polonais par Marceline Desbordes-Valmore, ou par Ondine Valmore – présenté par Aleksandra Wojda et Christine Planté (p. 31-38)
Józef Bohdan Zaleski (1802-1886), né près de Kiev, est un poète important de la génération romantique, représentant de « l’école ukrainienne », engagé dans le combat pour l’indépendance de la Pologne, puis exilé en France. La traduction de ce poème de l’exil, attribuée à Ondine Valmore par Albert Caplain en 1932, à Marceline Desbordes-Valmore par Bernard Gagnebin en 1946, frappe par l’inventivité et la justesse des solutions trouvées pour restituer le rythme de l’original, tout en insistant sur des accents patriotiques. L’attribution à Ondine, ou à une collaboration, paraît plus vraisemblable. - Poésie spirite ? « Dicté par l’esprit de Robert Southey », traduction inédite par Marceline Desbordes-Valmore – présentée et commentée par Christine Planté (p. 39-60)
Cette ébauche de traduction d’un texte anglais tiré de publications sur le spiritisme confirme chez Desbordes-Valmore une volonté de nier la coupure entre monde des vivants et au-delà, qu’elle partage avec de nombreux contemporains. Si la présence du mot « intermittent » suggère une parenté avec le « Rêve intermittent d’une nuit triste », la lecture de cette traduction permet surtout de préciser la singularité de la poétique desbordes-valmorienne. Le modèle de la dictée, doublé de celui de la traduction, impose une réflexion sur l’origine de la parole poétique, et sur la poésie comme transport.
- Les différentes versions françaises par Marceline Desbordes-Valmore du poème espagnol « Al sueño » de Lupercio Leonardo de Argensola – présentées par Valèria Gaillard Francesch (p. 17-26)
- Dossier thématique. Marceline Desbordes-Valmore traductrice et traduite
- Introduction – Aimée Boutin, Catherine Witt (p. 63-79)
- Cartographie des traductions – Philippe Gambette (p. 81-89)
Cet article présente quelques aspects quantitatifs de la base de données des traductions de poèmes de Marceline Desbordes-Valmore développée pour le site web de la SEMDV. Riche de plus de 1400 entrées tirées d’anthologies, d’éditions bilingues, de partitions et de traductions nativement numériques, cette synthèse apporte un éclairage sur la diffusion internationale de l’œuvre, ses foyers éditoriaux cartographiés, ses poèmes les plus traduits, ainsi que sur la répartition par genre et langue des traducteurs. L’étude met aussi en lumière les défis méthodologiques d’identification des poèmes traduits. - Marceline Desbordes-Valmore traductrice de Thomas Moore – Catherine Witt (p. 91-119)
Cet article examine l’intérêt de Marceline Desbordes-Valmore pour le poète irlandais Thomas Moore, dont la poésie lyrique marqua durablement son œuvre entre 1815 et 1843. Après avoir recensé les poèmes de Moore traduits dans ses recueils ou ses carnets, l’étude propose une analyse diachronique de sa pratique traductive, articulée autour de quatre approches étroitement liées : la technique du timbre, l’imitation, l’emprunt et la traduction. L’évolution de cette pratique reflète à la fois le perfectionnement progressif de ses compétences en anglais et son intérêt croissant pour la poésie de langue anglaise et les débats contemporains sur la traduction. - Deux étoiles : Lucretia Davidson et Marceline Desbordes-Valmore – Aimée Boutin (p. 121-139)
La mort de Lucretia Davidson ayant retenti des deux côtés de l’Atlantique, Desbordes-Valmore en prolonge l’écho dans un hommage à la jeune Américaine de 17 ans publiée dans Les Pleurs (1833). Cette élégie de Desbordes-Valmore dédiée à Davidson se distingue par sa mise en valeur du travail de lecture et de traduction que nous pouvons suivre à travers les transformations opérées à l’épigraphe, à la note bibliographique, à la traduction et à la coda au cours de la composition et des prépublications, transformations qui mettent en lumière non seulement le pathos mais aussi le métier qu’elles partagent. Cette complicité se prête non seulement à une poétique du deuil, mais peut également s’interpréter sous le signe de la vie. - Cohérence, théâtralité et spontanéité dans « Un soufflet » – Lucie Gournay et Philippe Gambette (p. 141-161)
La nouvelle « Un soufflet » de Marceline Desbordes-Valmore, qui s’est révélée être une traduction libre d’une nouvelle de Susanna Moodie, a été reprise en recueils et dans la presse, sous plusieurs titres. Nous retraçons son parcours éditorial, qui enchaîne les traductions entre français et anglais, et les adaptations pour le théâtre. La façon dont Marceline Desbordes-Valmore a traduit cette nouvelle, où les dialogues dominent sur le récit, apporte un caractère théâtral et spontané, typique d’interactions réalistes entre les personnages. Nous montrons comment cette traduction renforce la cohérence de l’histoire qui met en scène un père ambitieux, une fille à marier et un prince déguisé. - Marceline Desbordes-Valmore lectrice de Sa’di – Julia Caterina Hartley (p. 163-177)
Cet article suit une chaîne de traduction et de relations intertextuelles, nous menant du poète persan du treizième siècle Sa’di à la poète française du dix-neuvième siècle Marceline Desbordes-Valmore. Le poème « Les roses de Saadi » (1860) est interprété en dialogue avec les deux extraits du Golestān de Sa’di qui l’ont inspiré, ce qui révèle une nouvelle dimension métapoétique dans ce poème. Le texte original persan de Sa’di est aussi comparé aux traductions françaises qui circulaient à l’époque où écrivait Desbordes-Valmore. Cette analyse de la réception du Golestān sert à démontrer que Desbordes-Valmore reformule en termes non-religieux le discours de Sa’di sur le langage poétique, mettant ainsi l’accent sur les similarités (plutôt que les différences) entre ses préoccupations et celles de Sa’di. Le cas de Desbordes-Valmore révèle ainsi un aspect méconnu de l’intérêt des auteurs du dix-neuvième siècle pour l’Orient, celui de l’identification et de l’influence littéraire, qui coexistait avec les attitudes exotisantes pour lesquelles le siècle est mieux connu. - Marceline Desbordes-Valmore dans les salons russes à l’époque romantique – Ekaterina Belavina (p. 179-190)
L’œuvre de Marceline Desbordes-Valmore commence à circuler dans les milieux francophones russes sous le règne de Nicolas Ier (1825-1855). Les poètes Alexandre Pouchkine et Mikhail Lermontov en sont des lecteurs admiratifs ainsi que leurs amis Fiodor Rostopchine, Ekaterina A. Souchkova, Alexandre Dargomyzhsky qui sont respectivement poète, écrivain et compositeur. Plusieurs romances, en l’occurrence « S’il avait su », « La Sincère », et « Les cloches du soir » ont été écrites en français et en russe à partir des poèmes de Marceline Desbordes-Valmore, ce qui témoignent de l’influence de la littérature européenne, tout particulièrement de la littérature française, sur les milieux lettrés russes, notamment sur l’aristocratie. L’anglomanie française s’étend aussi en Russie, comme le montre la diffusion d’une traduction russe anonyme des nouvelles du Salon de Lady Betty publiée par l’éditeur Alexandre Smirdine. La réception immédiate de cet ouvrage ne favorise cependant pas la connaissance de l’œuvre de Desbordes-Valmore qui n’est pas redécouverte avant le XXe siècle grâce aux travaux de Valéri Brussov alors que les traductions des poèmes de Desbordes-Valmore restent dispersées. - L’œuvre de Marceline Desbordes-Valmore en Espagne – Valèria Gaillard Francesch (p. 191-204)
La première publication en espagnol d’une anthologie de poèmes de Marceline Desbordes-Valmore date de janvier 2019. Pourtant, on peut tracer une timide réception de son œuvre dès le XIXe siècle à travers les articles et traductions éparses parues dans la presse. Ces publications révèlent que lorsque la critique a érigé la poétesse comme un modèle de la poésie féminine, elle était plus admirée que lue. Cet article propose tout d’abord une analyse de la portée de la réception ibérique qui trouve son zénith dans les années trente du XXe siècle en Catalogne. Il s’agira ensuite de réfléchir sur les défis de la traduction de sa poésie en espagnol à travers l’étude représentative du poème « L’âme errante ». - La réception et les traductions italiennes de Marceline Desbordes-Valmore – Laura Colombo (p. 205-224)
La réception de Marceline Desbordes-Valmore, ainsi que ses traductions, commencent à prendre forme en Italie à la fin du XIXe siècle, suite également à la publication des Poètes maudits. Cette contribution vise premièrement à dresser un répertoire de ces traductions, surtout dans les anthologies qui lui ont été entièrement dédiées. Traducteurs et traductrices y présentent avant tout la figure et les œuvres de la poète, et la première partie de cet article est consacrée à l’analyse de ces introductions par rapport également à l’évolution de sa perception. La deuxième partie est consacrée à l’analyse de quelques traductions, avec aussi des remarques comparées. Ce qui pourrait contribuer à montrer le retentissement, en Italie, de la richesse d’évocation de Desbordes-Valmore, et combien la virtuosité lexicale des traducteurs, dans une compréhension profonde et subtile des beautés du texte de départ, les rend susceptibles d’être égalées ou même entérinées dans celui d’arrivée. - Marceline Desbordes-Valmore en traductions allemandes – Ina Schabert (p. 225-242)
L’article présente un survol de la réception de l’œuvre de Marceline Desbordes-Valmore en Allemagne aux XIXe et XXe siècles. Une attention particulière y est accordée à l’influence de la biographie de Stefan Zweig sur cette réception ainsi qu’aux traductions de Gisela-Etzel-Kühn (1922 et 1928), Karl Schwedhelm (1947), Kay Borowsky (1988) et Hans Krieger (2012), qui soulèvent la question du choix des textes traduits ainsi que des variations formelles et sémantiques dans les traductions. Etzel-Kühn dont l’ouvrage est précédé d’un portrait de la poète par Zweig, soutient la lecture autobiographique et anti-intellectuelle de ce dernier ; le travail de Schwedhelm conforte aussi l’image de la poète propagée par Zweig, tandis que Borowsky commence à se libérer de cette influence. S’appuyant sur la biographie de Francis Ambrière, l’auteur de la version la plus récente, Hans Krieger, s’attèle à démentir le sentimentalisme de Zweig, qui jusqu’à présent a déterminé la réception de Desbordes-Valmore dans les pays germanophones. - Échos transatlantiques : Harriet Waters Preston traduit Marceline Desbordes-Valmore – Aimée Boutin (p. 243-255)
Harriet Waters Preston, autrice, journaliste au Atlantic Monthly et traductrice a largement contribué à faire connaître Desbordes-Valmore au public étatsunien et anglophone lorsqu’elle a publié Memoirs of Madame Desbordes-Valmore by the late C. A. Sainte-Beuve, with a Selection from her Poems en 1873. Preston joint en annexe à son volume une sélection de traductions qui ont permis à de nouveaux publics anglophones d’accéder pour la première fois à certains poèmes des Poésies de 1830, des Pleurs et de Pauvres Fleurs, mais sans inclure les Poésies inédites de 1860. L’article analyse la diffusion du volume et mesure le degré auquel il enferme l’autrice dans une image stéréotypée de poétesse romantique. Parmi les traductions de Preston, « Les Séparés » / « Parted » se distingue par sa fortune remarquable et devient un des poèmes desbordes-valmoriens les plus souvent traduits aux États-Unis. L’article compare plusieurs versions de ce poème par Preston et par les traducteurs américains contemporains Anna E. Evans et Louis Simpson.
- Critiques. Lectures, hommages, réécritures
- Deux traductions inédites
- « A Friend’s Voice » (« La Voix d’un ami »), par Norma Cole (p. 259)
- « Die Rosen von Saadi » (« Les Roses de Saadi »), par Thomas Schestag (p. 260)
- Traces mémorielles de Marceline Desbordes-Valmore dans l’œuvre de Jacques Roubaud – Alain Chevrier (p. 261-268)
Le décès de Jacques Roubaud nous rappelle que ce poète et théoricien de la poésie fut un grand connaisseur de la poésie française du XIXe siècle, comme il le fut des poésies médiévale, japonaise ancienne, ou anglo-américaine, afin d’irriguer les explorations les plus avant-gardistes. L’auteur nous informe que ce poète connaissait par cœur des poèmes de Marceline Desbordes-Valmore, ceci en lien ou non avec Aragon, qui le parraina dans sa jeunesse. Enfin il passe en revue les formes poétiques originales de la poétesse, que Roubaud a employées et étudiées, comme l’hendécasyllabe et le taratantara.
- Deux traductions inédites
- Images et portraits
- Sur les traces d’un portrait de Marceline Desbordes-Valmore par Goya – Philippe Gambette (p. 271-276)
Cet article fait le point sur les éléments connus à propos d’un tableau de Goya, actuellement non référencé dans les catalogues de son œuvre peint. D’après des textes publiés par Boyer d’Agen, possesseur du tableau en 1928, il représente Marceline Desbordes-Valmore, si l’on en croit le cartel qui l’accompagnait lors d’une vente aux enchères, et la signature du peintre y figure dans le bas de la toile. L’œuvre, dans la collection de Georges Roth en 1933, n’est pas localisée actuellement, et connue seulement par des photographies, dont la plus précise connue, prise par Albert Harlingue, est conservée dans le fonds Roger-Viollet.
- Sur les traces d’un portrait de Marceline Desbordes-Valmore par Goya – Philippe Gambette (p. 271-276)
- Actualités et vie de l’association
- Vie de l’association – Philippe Gambette (p. 279-282)
- Bibliographie 2024-2025 (p. 283-285)